Le silence assourdissant

 



Bien souvent ces temps-ci, je me sens comme une petite enfant qui aurait mis les mains à plat sur ses oreilles, pour ne plus rien entendre du vacarme de ce monde. Comment avance-t-on dans la déchirure ? Quand tout autour de soi semble aller beaucoup trop vite, beaucoup trop fort, et tellement de travers. Quand un petit rien peut vous entailler le cœur ou faire couler des larmes, voire réveiller en vous quelque chose d’aussi dense et houleux que la mer sous l’orage. Quelque chose qui se situe, de façon incertaine et vibrante, entre mélancolie, désespoir et joie. Une simple musique, une odeur dans le vent, une pensée fugitive, suffisent quelques fois. Alors que dire de ce gouffre dans lequel le monde plonge, avide, aveugle, et qui aiguise en certains êtres la velléité de lutter pour redresser la barre, envers et contre tout… et de s’abîmer, parfois, dans de bien tristes constats.

Qui est-on vraiment, en essence, au-delà de notre sensibilité, de nos points de sutures, de nos constructions mentales, de ce patrimoine qui nous ont façonnés et auxquels pourtant, on se doit de ne pas se limiter ? Je, en tant qu’être profond, n’est pas le seul fruit de mes vieilles blessures ou de cette réceptivité à fleur de peau. .Je peux choisir de n’être ni forte, ni faible, mais d’incarner pleinement les deux, ou plus encore, de simplement cesser de me définir. D'accepter que ma posture militante, comme ma posture spirituelle, ne peuvent régler à elles seules la douloureuse complexité d’un héritage humain millénaire. Je peux aussi choisir de vivre comme on ouvre un cadeau : ce ne sera certes pas constamment à la hauteur de mes attentes, mais ce sera toujours inattendu, confrontant, amusant si je le décide.

Il peut y avoir aussi de la joie, dans la déchirure.

Je puise ma force d'avancer dans le silence de la montagne et les forêts à l'arborescence incontrôlée. Car ces instants me guérissent.

Et se guérir, c'est un peu avancer dans la guérison de tous.

Commentaires

Articles les plus consultés