Je suis une jeune femme blanche.

 


Je suis une jeune femme blanche. Mon enfance s’est déroulée dans une vallée où mes parents se sont établis de leur propre chef, et je peux prétendre y être comme chez moi lorsque mes pas à nouveau m’y mènent. Nul ne nous en a jamais délogés par la force, et nous sommes libres d’y demeurer comme d’en partir.


Je suis une jeune femme blanche, et comme toutes je porte les stigmates du Féminin meurtri. Mais jamais on ne m’a ni menacée ni violentée pour mes croyances, mes coutumes, mes traditions, ou par convoitise pour la terre de mes ancêtres. Je ne sais pas ce que cela fait, d’être membre d’une minorité, d’un peuple qui se meurt. De voir mes enfants emmenés de force au loin pour leur enseigner des dogmes et des lois qui ne sont pas les miens.

Je suis une jeune femme blanche. Je n’ai pas d’appartenance à un quelconque groupe religieux, mais peux relativement librement m’en clamer membre sans que cela ne mette en péril mes jours.

Et bien que jeune femme blanche, je me sens liée, profondément, à tous ces Humains traqués, chassés, intimidés, dispersés, disciplinés, assassinés. Que l’on a cru bon de civiliser. D’utiliser. Ou de faire disparaître.

Je me sens Inuite, Lakota, Aborigène, Sioux, Jarawa, Pygmée, Tibétaine, Hopi, Kalash, Palestinienne, Berbère, Kurde, Ouighour et tellement, tellement, encore.

Mon coeur n'est pas celui d'une jeune femme blanche, mais celui d'un Etre humain, maillon d'une chaîne inextricable d'interdépendances et d'énergies en partage, et il bat avec eux tous.

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