Ce que savent nos reflets.

 


Lorsque j'étais petite fille et que mon regard tombait sur la nacre d'une flaque, l'onde calme d'un lac ou un simple miroir sur le blanc d'un mur, j'imaginais que tout un univers se déployait derrière, parallèlement au nôtre. Et ce visage si familier dont le regard basculait dans le mien devenait soudain comme étranger : une autre moi, un autre espace, un autre temps. Cela vous est-il déjà arrivé ?
Aujourd'hui je me suis regardée. Pas à la volée, comme on peut le faire au quotidien entre deux coups de peigne. Non aujourd'hui je me suis vraiment regardée. J'y ai vu une myriade de joies et de douleurs, de fissures et de force, d'espoirs qui se délitent, d'utopie qui brûle les doigts. Et un amour de la Vie qui cependant pulse comme la sève au printemps. La période actuelle est particulièrement bousculante pour moi, tissée de choix déchirants, de renoncements, d'émotions entremêlées qui rivalisent d'intensité. Tout en moi est en friche. Et là j'ai eu envie de me prendre dans les bras. Sans rien dire ni penser, sans nourrir d'espoir vain ni de compliments creux, sans chercher de réponse à donner absolument. Juste être là, avec moi, dans la nudité de l'instant.
Je ne sais juste plus ce qui est bon pour moi.
Le reflet semblait savoir, lui, finalement... Savoir que la seule chose à faire, c'est embrasser le mouvement, accepter que rien n'est figé. Savoir qu'à chaque seconde, je ne suis plus la même. Savoir que le chemin ne s'arrête pas ici. Savoir que je passerai au travers de tout ceci, profondément changée, si j'accepte seulement de me laisser renaître une fois encore.
Et si le reflet sait, je peux savoir aussi. 

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